Le 11 mai 2023 a eu lieu la conférence A11y Paris. Cette conférence sur l’accessibilité numérique s’est déroulée sur une journée à la Maison de la Radio et de la Musique. Elle est organisée par l’association Valentin Haüy et Tanaguru.

C’est la quatrième édition de cet événement regroupant professionnels, experts du sujet et utilisateurs handicapés. 

La conférence était animée par Anthony MARTINS-MISSE, athlète paralympique et présentateur non-voyant, accompagné de son chien-guide. C’est un présentateur avec beaucoup d’humour et de bienveillance.

On peut également mentionner le très beau travail de traduction, car toutes les conférences et tables rondes étaient traduites en direct en langue des signes et sous-titrées. Cela devrait être toujours le cas.

Le programme de cette journée était bien rempli. Voici les conférences auxquelles nous avons assisté : 

Retour sur chacune de ces conférences.

Le rôle des autorités de contrôle dans l’accessibilité numérique. 

Intervenants : Florent GIRAUD (DGCCRF), Pierre BIENVENU (Banque de France)

Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’organismes de contrôle pour faire appliquer la loi sur l’accessibilité numérique et donner des sanctions. Grâce à la mobilisation des associations et professionnels du secteur de l’accessibilité numérique, des autorités seront habilitées à contrôler l’application de la loi afin de faire progresser l’accessibilité numérique en France.  

La DGCCRF et la Banque de France font partie des autorités de contrôle, mais également l’ARCEP et l’ARCOM.

Autour de cette table ronde animée par Manuel Pereira (Responsable pôle accessibilité à l’association Valentin Haüy) étaient présents Florent GIRAUD (DGCCRF) et Pierre BIENVENU (Banque de France).

Ce que nous retenons, c’est que le sujet de l’accessibilité numérique est assez nouveau chez eux, ils doivent encore s’organiser et se former avant l’échéance de juin 2025. C’est une mission supplémentaire qu’ils devront assurer. 

La Banque de France se positionne dans une démarche d’accompagnement du secteur des moyens de paiement, de dialogue et de persuasion morale avant de sanctionner. 

La DGCCRF est désignée compétente sur tous les produits et services visés par la directive sauf le livre numérique. Le principe de l’accessibilité des produits et services est inscrit dans le code de la consommation.

Comment les signalements seront gérés par les autorités de contrôle ? 

N’étant pas experts du sujet de l’accessibilité, la Banque de France compte beaucoup sur l’intermédiation des associations représentantes du handicap pour les orienter.

Tout citoyen pourra signaler un problème d’accessibilité.

La DGCCRF met à disposition le site SignalConso qui permet d’ailleurs d’effectuer des signalements en tout genre. Le signalement d’une association à forcément plus de poids qu’un signalement individuel, isolé.

Retour d’expérience : Au secours, j’ai une personne handicapée dans mon équipe ! 

Intervenante : Emmanuelle ABOAF (DCube)

Emmanuelle ABOAF est développeuse et elle est sourde, elle nous a fait part de son expérience en entreprise.

Elle a commencé par expliquer la diversité des handicaps : ce ne sont pas que des personnes en fauteuil roulant.

Camembert représentant la diversité des handicaps
La diversité des handicaps en France – Handineo

La version texte de l’infographie est disponible dans la publication Facebook Handineo

Il est important de laisser la personne handicapée se désigner comme elle veut, car en changeant le terme, on minimise le handicap. Elle entend souvent “Emmanuelle est atteinte de surdité. Emmanuelle est malentendante. Emmanuelle est développeuse souffrant de surdité”… Non, elle n’est pas atteinte de quelque chose, elle ne souffre pas, elle n’est pas malade. La surdité fait partie de son identité. C’est une personne sourde.

Ne pas avoir peur des mots pour désigner le handicap. Si on a un doute, il faut demander à la personne comment elle souhaite être présentée.

Le handicap en entreprise

Les handicapés ne sont pas là pour les quotas dans les entreprises, comme Emmanuelle ABOAF a pu malheureusement le vivre. Pour rappel, les entreprises de plus de 20 salariés doivent employer 6% de personnes handicapées par rapport à l’effectif total. Sinon, ils versent une contribution annuelle. Certaines entreprises préfèrent payer des contributions plutôt que d’embaucher des personnes handicapées pensant qu’elles n’ont pas de compétences.

L’entreprise doit donner des perspectives d’évolution égales entre les employés et s’assurer que le lieu de travail et les outils soient accessibles aux personnes handicapées. Avoir un aménagement de poste n’est pas un caprice, mais un droit et une nécessité.

Il est important de mettre en place des ateliers de sensibilisation, animés par des sociétés spécialisées et pris en charge par l’Agefiph.

Emmanuelle ABOAF a mis en place quelques règles avec son équipe, par exemple : 

  • Activer sa caméra pour qu’elle puisse lire sur les lèvres
  • Avoir un casque et un micro pour avoir un meilleur son
  • Ne pas parler vite
  • Parler chacun son tour en levant la main
  • Faire le geste “stop” pour interrompre la personne

Ces règles ont profité à tous car les échanges sont beaucoup plus fluides, la communication est meilleure dans l’équipe.

Il est important également de rendre accessible les communications au sein de l’entreprise : mettre des alternatives textuelles aux images, sous-titrer les vidéos, etc. Les sites internet, intranet et extranet doivent aussi être accessibles.

Évitez les tabous, la discrimination et le validisme. 

Comment recruter une personne handicapée ?

N’engagez pas la conversation sur le handicap tout de suite, parlez plutôt des compétences en premier lieu. Expliquez la politique Handicap de l’entreprise. Renseignez-vous sur les démarches administratives. Mettez en place les aménagements de poste avant que la personne arrive dans l’entreprise.

Nothing About Us without Us

Mouvement provenant des États-Unis qui explique qu’il faut travailler avec les personnes handicapées pour rendre un produit accessible.

Point sur les directives Européennes 

Intervenante : Armony ALTINIER (Koena)

Armony ALTINIER a parlé des dernières directives concernant la réglementation de l’accessibilité numérique. On retiendra cette phrase :

“Il n’y a pas d’égalité sans accessibilité”.

Armony ALTINIER lors de la conférence A11y Paris le 11 mai 2023

Moins de 5% des sites sont accessibles à 100% selon une étude de WebAIM. C’est un enjeu humain, mais aussi légal. Il y a un droit garanti au niveau International, Européen et Français. 

L’accessibilité est un droit humain garanti par la loi

Au niveau international, il y a la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

En Europe, la Directive Accessibilité Web 2016 et la Directive Produits et Services 2019.

Et en France, c’est la loi handicap de 2005 et la loi du 9 mars 2023 qui transpose la directive Européenne.

Il existe une hiérarchie des lois : la loi internationale prime sur la loi européenne et française. La France ne peut pas aller contre ce qui est prévu au niveau européen.

Au niveau des Nations Unies, Armony ALTINIER insiste sur la consécration du modèle social du handicap, car en France, nous n’y sommes pas du tout. Une personne n’est pas handicapée parce qu’elle a une maladie ou une déficience, elle est handicapée par un environnement inaccessible et par des comportements discriminatoires.

La stratégie européenne reprend ce principe autour de 4 thèmes principaux : 

  1. L’accessibilité est une condition préalable pour participer à la société et à l’économie sur la base de l’égalité avec les autres.
  2. Des droits en tant que citoyens de l’UE : carte européenne du handicap d’ici fin 2023
  3. Égalité d’accès et non-discrimination : protéger les personnes handicapées contre toute forme de discrimination et de violence et garantir l’égalité des chances
  4. Autonomie : favoriser une vie autonome et l’inclusion dans la communauté

Pour mettre en application ces principes, des directives européennes existent : 

  • La directive WAD (Web Accessibility Directive) de 2016 qui est entrée en vigueur en Europe en septembre 2019. Elle concerne les organismes du secteur public. Les WCAG (Web Content Accessibilty Guidelines) du W3C deviennent le standard européen. La notion de charge disproportionnée a été utilisée de manière abusive et comme “une carte sortie de prison”, sous-entendu : “c’est trop compliqué donc je ne le fais pas”.
  • La directive EAA (European Accessibility Act) qui entrera en vigueur en juin 2025. C’est une directive relative aux produits et services. Les entreprises de moins de 10 salariés et donc le CA est inférieur à 2 millions d’euros sont exemptés. 

Nouvelle directive EAA (European Accessibility Act)

Ce qui change avec cette directive, c’est que ce n’est plus seulement le numérique qui est concerné, mais le service dans son ensemble, tout le parcours du citoyen doit être accessible.

L’extension du champ d’application est énorme : 

  • Médias audiovisuels
  • Transports : sites web, apps mobiles, billets électroniques, information voyageurs (notamment en temps réel)
  • Services bancaires
  • Livres numériques
  • Commerce électronique

De plus, cette nouvelle directive encadre mieux la notion de charge disproportionnée : elle impose une évaluation (non pas un audit) de la charge disproportionnée de façon technique et précise pour déterminer si la dérogation est fondée. Si oui, il faut refaire cette évaluation tous les 5 ans au minimum et conserver les preuves en cas de contrôle. Si on reçoit une subvention destinée à l’accessibilité, il ne peut pas y avoir de dérogation. 

En France, la transposition des directives européennes est quasi complète.

Pour la directive WAD, il y a la loi Handicap de février 2005, un décret de juillet 2019 et un arrêté de septembre 2019 portant référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA).

Voici une infographie Accessibilité numérique et handicaps de Koena résumant les nouveautés de l’article 47 de la loi handicap : 

La version texte de l’infographie est disponible sur le site koena.net.

Pour la directive EAA la transposition est tout juste entamée, car elle touche les produits et services. Elle modifie donc plusieurs codes pénaux : le code de la consommation, le code des Transports, le code monétaire et financier, le code des postes et communications électroniques, la loi Handicap et la loi pour une République numérique. 

Depuis 2019, une dynamique est relancée : des schémas pluriannuels, des audits, des déclarations d’accessibilité commencent à apparaître. La DINUM a mis en place un observatoire de la qualité des services en ligne avec un critère handicap. Pour avoir un nom de domaine en .gouv.fr il faut avoir un score minimal de 75% de conformité RGAA (agrément interne).

Cependant, cet observatoire crée une confusion entre l’obligation légale et la façon dont c’est appliqué. Sur 27 États membres devant faire un rapport à la commission européenne sur les obligations légales, la France est le seul pays à ne pas l’avoir fait. 

La France n’a pas encore intégré l’approche du handicap fondée sur les droits de l’homme, regrette le Comité des droits des personnes handicapées – 23 août 2021

“Il est temps de considérer que l’inaccessibilité est un délit”

Jérémie Boroy président du conseil national consultatif des personnes handicapées sur France Inter le 26 avril 2023.

Intelligence artificielle et accessibilité. 

Intervenantes et intervenants : Elie SLOÏM (Opquast), Philippe TROTIN (Microsoft), Frédéric HALNA (Tanaguru), Sonia CISSÉ (Linklaters)

Le rôle de l’IA (Intelligence artificielle) est de pouvoir pallier l’incapacité d’accéder à l’information. L’IA est déjà utilisée dans la reconnaissance vocale, labiale, les transcriptions automatiques par exemple.

L’évolution de l’IA a un impact sur la façon dont on exerce les métiers de l’accessibilité.

Au niveau légal, Sonia CISSÉ nous indique qu’il y a le règlement européen sur la protection des données personnelles qui couvre toutes les technologies. Il y a un règlement en préparation sur l’IA : IA ACT qui devrait être publié à la fin de cette année 2023. Ce règlement traite le sujet de l’accessibilité. Il y a aussi une directive sur l’IA, mais qui ne couvre pas l’accessibilité.

Elie SLOÏM a réalisé une enquête auprès d’utilisateurs handicapés pour savoir comment ils utilisent l’IA dans leur quotidien. Souvent la réponse était “non, je n’utilise pas de brique de l’IA” mais finalement les transcriptions automatiques en direct sont un changement remarquable pour les sourds et malentendants.

La reconnaissance d’image est aussi une avancée (par exemple, l’utilisation d’une application mobile pour reconnaître les boîtes de conserves au supermarché – Seeing AI).

Son enquête révèle aussi l’utilisation importante de la génération de descriptions d’images, par exemple lorsqu’une personne reçoit une photo par message.

L’IA “c’est pas génial mais c’est mieux que rien”.

Conclusion des retours d’expériences récoltées par Elie SLOÏM, conférence A11y Paris le 11 mai 2023

Comment l’IA est apparue chez Microsoft ?

Philippe TROTIN de chez Microsoft nous a expliqué qu’il y avait 3 thématiques autour de l’accessibilité : le poste de travail, la prise en compte par les développeurs et le jeu vidéo inclusif.

L’IA a commencé avec la reconnaissance vocale, la qualité de ces services s’est améliorée ainsi que la lecture à voix haute des livres numériques. Le développement de la transcription, du sous-titrage dans Teams s’est accéléré pendant le COVID. L’arrivée de personnes ne parlant pas le français suite à la guerre en Ukraine a fait travailler Microsoft sur la traduction qui utilise beaucoup l’IA. L’arrivée de chatGPT peut permettre un mode de fonctionnement différent pour générer des documents à partir de visuel et ainsi corriger des fautes d’orthographe.

Comment l’IA transforme les métiers autour de l’accessibilité ?

C’est Frédéric HALNA de chez Tanaguru qui répond à cette question. L’utilisation de l’IA par les développeurs peut faire gagner du temps de développement, mais que va-t-on faire de ce temps gagné ? Va-t-il être au bénéfice de la qualité en général ? ou de la productivité ?

Pour réaliser les audits, on ne peut pas et on ne pourra pas les faire de façon automatique avec l’IA. L’IA peut venir en aide à l’auditeur pour être plus efficace avec des suggestions, mais l’IA ne remplacera pas l’auditeur. Il y a des critères qui ne peuvent pas être testés de manière automatique, notamment sur les notions de pertinence.

Quand on demande à chatGPT de faire de l’accessibilité, il le fait avec la base de connaissances qu’il a trouvé sur le web, or ce web est inaccessible aujourd’hui. Le seul moyen est de maitriser soi-même l’accessibilité pour fournir à chatGPT les bonnes commandes et toujours vérifier que sa réponse est correcte.

L’IA possède également des limites, car les données qui rentrent sont biaisées et peuvent être discriminatoires. Il faut une action manuelle pour éduquer l’IA. Cela fait référence à la conférence d’Emmanuelle ABOAF qui ne se reconnaissait pas dans les réponses de Midjourney

Images générées par Midjourney

Les images générées par Midjourney pour chacune des commandes :

  • /imagine disabled person : ne renvoi que des images de personnes en fauteuil roulant
  • /imagine a deaf woman : ne renvoi que des femmes âgées avec appareils auditifs
  • /imagine a deaf woman developer : renvoi des femmes portant un casque sur les oreilles

Designer l’accessibilité : inclusion et accessibilité, du pareil au même ?

Intervenante : Romy DUHEM-VERDIÈRE (OCTO Technology)

Pour illustrer l’accessibilité et l’inclusion, l’image de l’effet bateau (the curb-cut effect) a été le fil rouge de cette conférence.

Initialement, c’est l’adaptation du trottoir pour permettre le passage d’un fauteuil roulant. Mais on se rend compte que cela profite à d’autres, comme les poussettes, les valises, les vélos, etc.

The curb-cut effet by sketchplanations

Le fondateur de la conception universelle est une personne en fauteuil roulant : Ronald Mace.

La conception universelle, aussi appelée conception pour tous, design universel, design inclusif ou encore design trans-générationnel, est la conception de tout aménagement, produit, équipement, programme ou service qui puisse être utilisé par toute personne, sans nécessiter ni d’adaptation ni de conception spéciale, et ce quel que soit son sexe, son âge, sa situation ou son handicap.

Romy DUHEM-VERDIÈRE nous a présenté quelques principes de design inclusif. 

  1. Reconnaître l’exclusion (prise de conscience)
  2. Apprendre de la diversité
  3. Concevoir pour un, puis étendre à plusieurs

Le design inclusif regroupe plusieurs sujets : l’accessibilité avec les différents troubles possibles, mais aussi les problématiques liées à l’identité de genre, la culture, le langage, la connectivité, la localisation, l’éducation et l’âge.

Lorsqu’on commence un projet de design, le designer doit se poser les questions : quelle est la cible ? qui exclut-on ? 

Ce sont les interfaces qui sont handicapantes, par le manque de prise en compte des cas extrêmes comme un utilisateur en basse connexion qui ne verrait pas les images. L’ajout d’alternative textuelle permet de répondre en même temps aux besoins des non-voyants.

Inclusion et accessibilité, est-ce la même chose ?

La réponse de Romy DUHEM-VERDIÈRE est oui, car pour designer accessible, on adopte des principes du design inclusif et lorsqu’on conçoit de façon universelle, on prend en compte l’accessibilité.

Design inclusif = design accessible. Mais l’accessibilité nécessite également un développement technique conforme aux normes. 

La véritable équation est donc : Design inclusif = Développement front-end accessible.

Microsoft a développé un guide sur le design inclusif qui est très bien fait.

Infographie de Microsoft Design présentant les différences entre handicaps permanents, temporaires et la situation de handicap.

Infographie de Microsoft Design présentant les différences entre handicaps permanents, temporaires et la situation de handicap :

  • Toucher
    • Handicap permanent : personne avec un seul bras
    • Handicap temporaire : personne avec un bras dans le plâtre
    • Situation de handicap : personne ayant un bébé dans les bras
  • Voir
    • Handicap permanent : personne aveugle
    • Handicap temporaire : personne ayant la cataracte
    • Situation de handicap : un chauffeur distrait 
  • Entendre
    • Handicap permanent : personne sourde
    • Handicap temporaire : personne avec une infection de l’oreille
    • Situation de handicap : un barman 
  • Parler
    • Handicap permanent : personne muette
    • Handicap temporaire : personne avec une laryngite
    • Situation de handicap : personne avec un accent

Et pour finir, il est important de ne pas oublier de tester ces interfaces avec des personnes en situation de handicap.

Accessibilité : à quoi servent les labs ? 

Intervenantes et intervenants : Estelle PEYRARD (APF France Handicap), François LE BERRE (My Human Kit), Amelie GALCERA (H-LAB)

Au H-Lab la conception d’un projet se fait avec tous et pour tous afin d’être accessible au plus grand nombre. Ils travaillent en ce moment sur le projet d’une tablette tactile multisensorielle (Abillity). H-Lab permet la co-création avec les utilisateurs concernés afin de répondre à leurs attentes et besoins.

Estelle PEYRARD (APF France Handicap) travaille avec des grandes entreprises qui souhaitent se mettre en conformité ou qui ont compris l’effet bateau : en travaillant avec des personnes en situation de handicap, elles peuvent identifier des innovations pertinentes pour tous les utilisateurs.

François LE BERRE est un adhérent de l’association My Human Kit qui a pour ADN de mettre l’utilisateur final au cœur de la démarche. L’association ne vend rien, elle existe pour aider et mettre en place un réseau pluridisciplinaire. Le porteur de projet est la personne handicapée.

Les projets sont publiés en open-source pour aller dans n’importe quel Fablabs et être adaptés au plus grand nombre. Lors d’un hackathon, ils ont réalisé une imprimante braille dont le prix de revient de fabrication est d’environ 250€.

Vidéo My Human Kit Fondation de France

L’accessibilité et les jeux vidéos : 10 ans après 

Intervenant : Jérôme DUPIRE (CNAM – CAPGAME)

Ce n’est pas parce qu’on a un handicap qu’on ne peut pas jouer aux jeux vidéo. L’objectif de CapGame est d’identifier et tester des solutions matérielles et logicielles favorisant l’accessibilité des jeux vidéo

Depuis 10 ans, les équipements audiovisuels dans les foyers français ont évolué.

Il y a 10 ans, en 2013, l’ordinateur fixe ou portable était le plus utilisé pour jouer aux jeux vidéo, aujourd’hui c’est le smartphone. Selon une étude de la plateforme Steam, le nombre de joueurs progresse chaque année, avec un pic pendant le COVID.

Les jeux en solitaire étaient prédominants alors que de nos jours les jeux multijoueurs sont devenus majoritaires.

L’association CapGame a plusieurs axes thématiques : 

  • Solutions : propose des solutions concrètes pour jouer
  • Testing : évalue l’accessibilité des jeux vidéo
  • Consulting : accompagne et forme les professionnels
  • Recherche : des chercheurs au service de l’accessibilité des jeux vidéo
  • E-sport : la pratique compétitive se doit aussi d’être accessible

Jérôme DUPIRE a donné quelques exemples de personnes jouant aux jeux vidéo dont Rocky No Hand qui ne joue qu’avec les mouvements de son visage grâce à un QuadStick. Et Sven, un joueur non voyant, pratique le jeu de combat Street fighter grâce au sound design très bien réalisé.

Étude sur les utilisateurs handicapés de jeux vidéo : Able Gamer (2018)

Il existe une loi aux États-Unis 21st Century Communications and Video Accessibility Act (CVAA) qui impose aux matériels ou logiciels d’être conforme aux critères d’accessibilité.
Les Game Accessibilty Guidelines sont un ensemble de préconisations pour la conception de jeux inclusifs.

Appréciations sur la conférence A11y Paris

Cette journée de conférences sur l’accessibilité numérique a couvert de nombreux sujets intéressants. Le public averti était composé de différents profils avec la présence de références comme Opquast, Tanaguru, Temesis, etc…

C’est une conférence qui prend de l’ampleur puisque l’année dernière, celle-ci se déroulait sur une demi-journée seulement avec uniquement des tables rondes. 

Les sujets abordés ne concernaient pas uniquement l’accessibilité web, il manquait peut-être une conférence autour du développement front-end en particulier. 

Petite déception sur les ateliers qui étaient organisés : très limité en nombre de places, nous n’avons pas eu l’opportunité d’y assister.

Cette conférence était enrichissante pour les retours d’expérience, mieux comprendre et se mettre à jour sur les directives, découvrir les travaux en cours des Labs.

N’hésitez pas à assister à la prochaine édition, en attendant, il y a plusieurs articles à lire sur le blog au sujet de l’a11y.