Le jeudi 13 avril 2023, le salon Web3Lille s’est tenu à Euratechnologies. Il est organisé par Metagellan. Une entreprise qui fait initialement partie de CollecOnline, créateur d’un service de gestion de collection.
C’est en explorant le domaine de la création de galeries en ligne pour exposer des objets de collection numériques, comme les NFT, que l’équipe de CollecOnline s’est lancée dans le métavers, jusqu’à en créer une entité dédiée, Metagellan.
Maintenant, Metagellan accompagne les entreprises dans leur découverte des métavers. De la découverte de son fonctionnement jusqu’à l’implémentation de solutions correspondant à leur activité.
Web3Lille est organisé en collaboration avec La Mine, un incubateur de startups Web3. Metagellan et La Mine sont basées sur la métropole lilloise.
Et, comme les cordonniers ne sont pas forcément les plus mal chaussés, ce salon était intégralement retransmis dans le métavers. Une version a été reconstituée sur la plateforme Decentraland, dans les locaux virtuels de Metagellan, pour ceux qui ne pouvaient pas y participer physiquement.
Au programme
Tout commence par l’achat des billets. La plateforme Billy est associée à l’événement et propose l’achat de tickets d’entrée sous forme de NFT sur la blockchain Tezos (Une version paiement classique en carte bancaire est également proposée pour ceux qui ne veulent pas tenter l’expérience du ticket décentralisé).
Le salon se déroule selon 3 axes : les conférences plénières, plutôt sous forme de table ronde, où différents acteurs de l’écosystème sont invités à répondre à des questions. Puis des ateliers, au format plus court, et en plus petits groupes. Et enfin, des stands où différentes entreprises se présentaient.
Les métavers
Nous avons commencé par la première conférence sur les métavers et leurs impacts dans les prochaines années.
La première question porte bien entendu sur la définition du métavers, ce concept aux limites encore floues. Exercice difficile, tant il existe autant de définitions que d’acteurs. On va parler d’un univers 3D persistant, dans lequels des utilisateurs vont pouvoir accéder à du contenu mais surtout interagir entre eux.
On trouve des univers comme SecondLife, World of Warcraft ou encore Fortnite qui sont des sortes de métavers sans en avoir le nom. Le concept n’est pas nouveau. Mais son utilisation et son appropriation par les marques et les utilisateurs est en train d’évoluer.
La meilleure façon de le définir pour le moment est encore d’évoquer les cas dans lesquels le métavers a été utilisé avec succès.
Nous retenons notamment l’exemple d’un salon de recrutement virtuel pour le monde de l’assurance qui a permis de pourvoir en très peu de temps un bon nombre de postes qui n’arrivaient pas à trouver preneur avec les méthodes traditionnelles.
D’autres exemples dans le domaine du divertissement existent également : des concerts, des défilés de mode. La NBA retransmet déjà des matchs dans le métavers où le spectateur se retrouve au bord du terrain via les casques Meta Quest notamment, mais ils travaillent actuellement sur la possibilité de se positionner directement sur l’épaule d’un joueur.
L’évolution n’en n’est pas au même point selon les pays. La Corée du Sud, fidèle à sa longueur d’avance technologique habituelle, a déployé un métavers dans lequel il est possible de réaliser des procédure administratives.
Forcément, un autre point abordé est le fait que le metavers “grand public” ne rencontre actuellement pas un succès fou. Les plateformes comme Decentraland ou The Sandbox sont plutôt vides d’utilisateurs. C’est un fait, personne ne nie que le métavers n’a pas encore trouvé son cas d’usage majeur. De nombreuses barrières techniques existent encore. De nombreux projets sont abandonnés, ou peut-être simplement mis en pause en attendant de nouvelles évolutions.
Une certitude cependant, le métavers actuel n’est pas le métavers de demain. Actuellement, tout est encore aux balbutiements, de nombreux projets s’arrêtent pour ne pas avoir rencontré leur public ou leur cas d’usage ultime. Comme pour tout sujet de ce type, la “hype” devra savoir laisser la place à la consolidation de l’écosystème autour des éléments les plus solides. Et, il devra savoir embarquer les utilisateurs en faisant tomber les barrières techniques à l’entrée.
Un des participants fait le parallèle avec l’avènement d’Internet. Le métavers actuel est “l’année 1997 de l’Internet”. Nous en sommes encore à l’époque où chacun se demande s’il va avoir besoin d’une adresse email, où chaque entreprise se demande si elle va avoir besoin d’un site web.
Les NFT
Ensuite, nous avons suivi la deuxième conférence concernant les NFT et leurs usages.
Passage rapide sur l’époque récente du grand effet de mode autour des NFT, avec leurs côtés positifs, mais surtout, leurs scandales… Comme toute nouveauté, nous passons forcément par une période un peu “free-style”, avant que 90% du paysage ne disparaisse et que les choses se renforcent autour des projets les plus solides. Les NFT du début avaient peu d’utilité et étaient plutôt des images à collectionner. Ils n’apportaient pas ou peu de services dans la vie réelle.
Ce temps est révolu. Maintenant, les NFT qui se créent sont souvent le fait d’entreprises qui vont y associer une utilité ou un service supplémentaire.
L’utilisation des NFT dans la tokenisation des actifs réels va apporter une simplification et une plus grande sécurisation dans certains domaines où la propriété joue un rôle important, comme l’immobilier.
Les NFT vont avant tout se révéler être des moyens de fidélisation pour les marques. En émettant une collection de NFT, la marque va se forger un écosystème. Les détenteurs de ces tokens feront alors partie d’un “club” qui leur donnera accès à certains avantages offerts par la marque. C’est le moyen de toucher un public, qui est actuellement jeune et habitué au numérique, et qui sera le consommateur de demain et qui cherchera aussi du numérique dans ses actes du quotidien.
On notera toutefois un amalgame malheureux fait lors de la conférence, où il a été question de l’utilisation de NFT pour représenter des diplômes, or on touche ici à un domaine sensible qui est celui de la possession d’attributs liés à l’identité, qui est le domaine de ce qu’on appelle la Self Sovereign Identity ou l’identité décentralisée. Il existe des standards internationaux tel que le Verifiable Credential qui est beaucoup plus adapté à ce genre d’usage. Il est simple de voir que les NFT jouent dans un tout autre secteur en voyant que leurs utilisateurs sont qualifiés de “consommateurs” tout au long de la conférence.
Blockchain et données
Puis, nous avons terminé la matinée avec une conférence sur l’utilisation de la blockchain dans la reprise en mains des données.
L’idée générale est de mettre l’utilisateur au centre des services en lui redonnant la possession des données qui le concernent. Bien entendu, cela se fait en opposition aux GAMAM qui centralisent ces données, dans un but commercial, au détriment des utilisateurs. L’utilisateur est maître de ses informations personnelles. Il accorde ou révoque des autorisations d’accéder à l’une d’elles pour une organisation. Cela permet de limiter la diffusion non contrôlée des données personnelles à n’importe qui.
Un autre avantage est la disponibilité, émission et transmission des données en temps réel. Alliée à l’IoT, la blockchain permettra une mise à disposition immédiate et auditable de données qui pourraient être remontées par des capteurs qui surveillent des événements ou des processus, comme le respect de la chaîne du froid par exemple.
Un autre point largement décrit est le stockage de données. La blockchain elle même n’est pas conçue pour stockée de grandes quantités de données. Mais des projets ont développé des solutions pour palier ce point. On pensera à Storj, Sia, Filecoin qui mettent en oeuvre des réseaux qui permettent la mise à disposition, et la monétisation, d’espace de stockage aux personnes qui ne souhaitent pas stocker leurs fichiers chez les grands acteurs classiques et centralisés.
Financement des projets Web3
En deuxième partie de journée, nous avons débuté par une conférence au sujet du financement des projets dans le Web3.
La question se pose d’autant plus que nous sommes dans une période difficile pour les marchés, ce qui incite les acteurs du financement à être plutôt prudents.
Ici, rien de nouveau. Le financement de projets Web3 n’est pas différent des projets classiques.
Des intervenants du milieu juridique, de la BPI, de fonds spécialisés dans la numérisation des titres financiers se sont succédés pour expliquer que le temps des levées de fonds à tout-va était bel et bien terminé. Les porteurs de projets doivent maintenant démontrer leur engagement ainsi que le sérieux et la maturité de leur projet.
Les investisseurs s’engagent également auprès d’une équipe. Le projet doit donc reposer sur des personnes légitimes et en capacité de le porter sur le long terme.
La régulation qui s’organise au fil du temps impose aussi un certain nombre de règles à respecter.
Une attention particulière a été apportée sur la difficultée pour un entrepreneur dans le milieu du Web3 de trouver une banque qui acceptera d’héberger ses comptes. Elles sont encore très frileuses sur ce sujet, à de rares exceptions.
Les ateliers
Plusieurs ateliers étaient également proposés au cours de cette journée. Il s’agissait de formats plus courts que les tables rondes, et centrés sur un sujet précis.
Nous avons particulièrement apprécié l’atelier concernant l’identité décentralisée, proposé par la société MyDID. Même si 30 minutes sont un peu courtes pour traiter un sujet aussi complexe.
Un autre atelier à signaler, auquel nous n’avons pas assisté, mais qui a pu faire parler de lui : l’organisation par Sergic, l’agence de services immobiliers, qui a organisé une réunion de copropriété dans le métavers. (voir la vidéo)
Sergic montre, une fois encore, qu’ils sont au premier plan concernant l’expérimentation pour la modernisation des services immobilier.
L’espace entreprises
L’atrium d’Euratechnologies était occupé par les stands de différentes entreprises venues présenter leurs activités.
On pouvait y retrouver Billy, le gestionnaire de la billetterie du salon, mais également des instituts de formation, des galeries d’art exposant des NFT. Sans oublier le stand de l’organisateur, Metagellan, qui proposait des petites démonstrations de ce qu’ils mettent en œuvre chez leurs clients pour découvrir le métavers.
Il est toujours très intéressant de déambuler entre les stands et de discuter avec des personnes d’horizons différents. Un seul regret, le DJ invité pour mettre un peu d’ambiance avait parfois tendance à pousser le son tellement fort qu’il n’était pas toujours aisé de s’entendre.
Conclusion
Notre impression générale sur les conférences est que le sujet est traité avec beaucoup de hauteur, afin de ne pas perdre les participants dans des détails trop techniques. En contrepartie, les sujets sont traités parfois un peu superficiellement et certains intervenants n’ont en vue qu’un seul des aspects, souvent idéalisé, de la question et manquent de nuance.
Cepandant, cette hauteur de vue permet de traiter le sujet plutôt en largeur et donc de nous donner une agrégation des points de vues et informations que chacun détient. Dans ce domaine où on parle plus des échecs que des succès, cet apport d’information est très important pour une vue plus exhaustive du sujet. Nous avons pu avoir un très intéressant état de l’art du Web3 et des retours d’expériences des acteurs impliqués, ce qui montre que le sujet reste actif, même si tout n’est pas forcément mis en avant.
C’est également un plaisir de voir que l’écosystème web3 et blockchain continue à évoluer. Et notamment la communauté lilloise qui peut se retrouver autour d’événements comme celui-ci.