Il y a environ deux ans, je publiais cet article sur le blog d’Ineat sur la vie de nomade digitale que je menais avec Remote Year, loin de connaître l’imminence de la pandémie qui allait frapper notre monde…

L’aventure a pris fin prématurément au Japon alors que nous étions basés à Kyoto en mars 2020. Dans notre itinéraire, il restait encore 5 destinations : la Malaisie, la Croatie, l’Espagne, le Portugal et l’Afrique du Sud. Comme beaucoup à l’époque, j’ai été envahi d’un profond sentiment d’amertume, tous ces plans tombés à l’eau ! Amertume rapidement balayée au regard de la vraie souffrance que la Covid-19 a apporté, notamment à nombre de nos aînés qui nous ont quittés. Finalement, l’esprit de gratitude m’a bien aidé : avoir pu faire 7 destinations sur les 12 mois du programme, c’est déjà un très beau parcours. De plus, en informatique, nous n’avons pas été le secteur le plus à plaindre.

Depuis mon dernier article, Ineat a rejoint le groupe Astek. Désormais, notre petite structure s’inscrit dans les moyens et les ambitions d’un grand groupe présent dans 18 pays. Vous me voyez venir 🙂 J’ai bien l’intention de télétravailler dans nos agences et de rencontrer nos équipes. C’est un terrain de jeu d’opportunités, d’échanges, et de création de liens au sein du groupe.

Le monde du télétravail a bien évolué depuis ! Je vais tenter dans cet article d’aborder les multiples facettes de cette façon de travailler, et au passage, partager avec vous mon dernier voyage. J’ai réussi à boucler la boucle en travaillant depuis Cape Town en juillet 2022.

La nation arc-en-ciel

En arrivant à Cape Town, j’ai été frappé par l’immense diversité culturelle. Une diversité qui donne le vertige, avec de nombreuses ramifications. Cela est dû au fait que la pointe de l’Afrique a été marquée par les multiples tentatives européennes de rallier l’Inde et ses promesses de richesse avec les épices.

  • Dès 1488 par les Portugais qui ne s’installeront pas
  • En 1652 par les Hollandais qui s’installent et font venir des dizaines de milliers d’esclaves du Moyen-Orient. Déracinés et illettrés, beaucoup d’esclaves se nommeront d’après le souvenir de leur provenance, ou même leur mois d’arrivée (Leonora Van Madagascar, Dikbeen Van Cape Verde, Joseph Van Bali, Januarij, Maart…)
  • En 1688 par les Français
  • En 1795 par les Anglais

Sans oublier les premiers occupants de droit : les peuples Khoï et San établis depuis plus de 2000 ans, et dépossédés de leurs terres par le colonialisme. À tout ceci s’ajoute le fait que l’Afrique du Sud est un des pays BRICS, et représente de fait aux yeux du continent africain, une terre d’opportunités. Nombreux sont les étrangers du Zimbabwe, Burundi, Mozambique.

Aujourd’hui, tous ces mélanges ont amené l’Afrique du Sud à reconnaître 11 langues officielles dont les trois premières sont isiZulu, isiXhosa, et Afrikaans.

Mais cette nation cosmopolite est teintée par l’héritage du triste épisode de l’apartheid (1948 – 1990). En effet, l’Afrique du Sud lutte encore contre de fortes distinctions des privilèges entre ses classes sociales : statistiquement il apparaît que les sud-africains blancs sont plus riches, que les sud-africains noirs sont moins éduqués… J’écris ces lignes avec précaution car il n’est pas facile de vous synthétiser la situation en quelques lignes. Ce n’est évidemment pas généralisé. Tout n’est pas pour ainsi dire noir ou blanc, cependant il y a bien en filigrane ce malaise, ces séquelles d’une sombre époque.

Mes tribulations m’ont amené sur Robben Island à visiter la prison de haute sécurité qui a retenu Nelson Mandela pendant 18 ans. L’endroit est chargé d’émotions, on se sent au plus proche de l’histoire. D’autant que j’ai pu faire la rencontre exceptionnelle de Christo Brand, gardien de prison devenu complice et ami de Nelson Mandela au fur et à mesure des années. Il nous a livré un témoignage poignant et singulier qui m’a fait pleurer.

Expérience iconique de l’Afrique, j’ai également eu la chance de faire un safari dans le parc national Kruger. Des souvenirs inoubliables tant pour les rencontres uniques, la patience, le silence, les frissons.

Puis je suis redevenu un peu un enfant le temps de quelques jours : apprentissage par mimétisme pour m’assurer de bien conduire à gauche sur la Route des Jardins. 300 km de dépaysement et de couleurs fantastiques sur les côtes.

Une autre route, celle des vins à Stellenbosch avec la visite et dégustation dans pas moins de quatre vignobles : Mitre’s Edge, Oldenburg, Stellenzicht, et Klein Constantia. J’ai eu un faible pour le Merlot 2018 de Mitre’s Edge.

Et que serait un voyage sans un peu de dépassement de soi ? J’ai eu l’occasion de faire mon tout premier saut à l’élastique du pont Boulkrans haut de 216 mètres.

Don’t be Kak, be Lekker
Don’t be Kak, be Lekker

Télétravailler depuis l’Afrique du Sud, c’est comment ?

Pour ceux qui me connaissent un peu, je m’emploie depuis environ une décennie à concilier deux de mes passions : l’informatique et les voyages. C’est comme ça que je m’épanouis. Travailler à l’étranger demande beaucoup d’adaptabilité, apporte son lot de challenge, et s’avère plus ou moins exotique en fonction de la destination :

  • Nouveau pays, nouvelle ville
  • Nouvel appartement
  • Nouveau bureau
  • Nouvelle culture, nouvelle langue, nouvelle devise
  • Nouveaux codes, nouvelles méthodologies

C’est pourquoi en suivant Remote Year, j’étais certain de m’affranchir d’au moins un challenge : celui d’avoir un environnement de travail fiable. En effet, Remote Year s’associe à Cape Town avec Workshop 17, un espace de coworking qui fournit internet en fibre optique, salles de réunion, de quoi imprimer et scanner.

Mais malgré un espace ultra professionnel, les infrastructures de l’Afrique du Sud sont sujettes à de nombreuses coupures de courant : parfois jusqu’à trois fois par jour. Alors le luxe en travaillant de Workshop 17, c’était d’avoir des génératrices qui prennent le relais lors des coupures, et réduisent les interruptions à seulement une petite minute le temps que le routeur Wi-Fi redémarre. Mais ça c’est parce que c’est Workshop 17, dans le beau quartier de Waterfront à Cape Town…

Imaginez la situation dans les quartiers moins prisés ou les banlieues : sans les moyens d’une génératrice, les coupures de courant interviennent pendant plusieurs heures : tout s’arrête.

Enfin, j’ai travaillé en respectant les heures du Canada : avec 6H de décalage, le 8H – 17H de Montréal correspond à 14H – 22H à Cape Town. Le fun, c’est que dès que j’éteins mon ordinateur, je suis en voyage. À mes yeux, c’est une façon de vivre plus intensément, en étant déjà au cœur des expériences et visites à faire. C’est facile d’en mettre plein la vue : une réunion suivie d’un saut à l’élastique, un courriel suivi d’un safari, un rapport suivi de la visite d’un musée… Ça pourrait presque avoir des allures de vacances. Mais ne faisons pas d’amalgame, le télétravail à l’étranger, c’est avant tout du travail dans des conditions qui requièrent des capacités d’adaptation.

Table Mountain aux aurores

Le télétravail en 2022

Le télétravail ne date pas de la pandémie. Néanmoins, nous ne pouvons pas nier que le coronavirus a catalysé les transformations nécessaires, et mis à l’épreuve la résilience opérationnelle de nombreux secteurs : ne serait-ce que pour répondre à l’impératif du confinement par exemple.

Aujourd’hui, le télétravail s’est imposé comme un avantage compétitif dans le recrutement, mais aussi comme un levier de rétention des employés en poste. Toutefois, avons-nous toutes et tous la même image du télétravail ? Faisons un peu de relativité générale : utilisons les dimensions d’espace et de temps pour définir les différentes formes du travail à distance, et comprendre les cas d’application.

TélétravailCourt terme (jours)Moyen terme (semaines/mois)
Domestique • La nouvelle norme : Ineat Canada pratique le mode hybride flexible : 2 jours de notre choix au bureau.  
• Flexibilités ponctuelles : rester travailler à domicile pour la livraison d’un colis, pour la supervision de travaux, parce que la garderie est fermée.  
• Profiter d’une résidence secondaire à proximité.  
• Aménagements exceptionnels : rester travailler à domicile le temps d’une convalescence, le temps d’une quarantaine, dégager un peu plus de temps pour aider des proches : parents qui vieillissent, nouveau-né…

 
À l’étranger  • Typiquement, le classique voyage d’affaires.    • Nomade digital qui travaille et voyage en même temps, allant de destination en destination.  

Les avantages notoires

  • Un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle
  • Motivation et épanouissement
  • Économie du temps de transport
  • De nombreuses études constatent plus de productivité des employés
  • Plus compétitif au recrutement (nouvelle norme)

Les inconvénients décriés

  • Tomber dans le piège de confondre les deux vies :
    • Pas d’équipement adéquat
    • Pas d’espace de travail dédié
    • Être surconnecté
  • Enjeux de cybersécurité (connexion VPN, confidentialités des données)
  • Tout le monde n’est pas taillé pour le télétravail :
    • Sentiment d’isolement social
    • Démotivation
    • Problèmes de communication
  • Et pour la version du télétravail à l’étranger :
    • Les aspects légaux relatifs aux assurances / taxes
    • Le challenge du respect du fuseau horaire quand le cas s’applique

Beaucoup d’entreprises, de toutes tailles, tâtonnent et cherchent le bon équilibre. Par exemple, quelle est la politique de télétravail des GAFAM (Google – Apple – Facebook – Amazon – Microsoft) ?

  • Google a demandé à ses employés de revenir au bureau pour passer d’une configuration à distance à une formule de travail hybride.
  • Des salariés d’Apple menacent de démissionner en raison du retour au bureau imposé à au moins trois jours par semaine.
  • Microsoft a indiqué que ses salariés pourront travailler à distance trois jours par semaine… et jusqu’à cinq jours, avec l’accord de leur manager. Une réflexion sur l’avenir du bureau a aussi été amorcée.
  • Elon Musk a formellement interdit le télétravail chez Tesla. Le milliardaire a posé un ultimatum aux salariés qui travaillent à domicile : s’ils ne reviennent pas travailler au bureau, ils seront congédiés.

Personnellement, je pense que comme souvent dans les affaires humaines, rien n’est strictement binaire. Tout est dans la nuance et chaque situation est assez unique pour mériter réflexion : il y a du pour et du contre. Chez Ineat Canada par exemple, nous avons une forte culture d’entreprise, c’est même un différenciateur dont nous sommes très fiers, nous parlons parfois d’ADN Ineat. Alors comment transmettre cette culture si tout le monde était en télétravail ?

Nous sommes des êtres sociaux, nous avons besoin de nous rencontrer, de nous voir et d’être dans la spontanéité des relations et des échanges. Ineat a beaucoup investi aussi bien matériellement, que dans la vie et l’ambiance du bureau. C’est une dépense non négligeable : loyer, internet, téléphonie, entretien, eau, électricité, café, fruits, etc. Il est alors compréhensible du point vu employeur de se poser des questions quant à une organisation 100% à distance. Mais l’un n’empêche pas l’autre, Ineat offre une prime de 250$ à tous ses collaborateurs pour adapter leurs conditions de travail à domicile et faciliter le télétravail : un écran en plus, une chaise de bureau, un casque… Chacun y trouvera son compte.

Enfin, n’oublions pas que le télétravail reste un privilège de niche. En effet, la plus grande majorité de nos concitoyens, de par la nature de leurs activités, ne peuvent même pas se poser la question du télétravail.

Afrique adieu Belle Africa

La pandémie aura bousculé et chamboulé bien des aspects dans nos vies. Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. J’aime à penser que l’humanité sortira grandie de cette adversité. Chez Ineat Canada, nous ne prétendons pas avoir la réponse ultime concernant le télétravail. Comme beaucoup d’entreprises, nous surveillons les tendances, nous faisons des essais, nous nous adaptons.

Pour ma part, je pense avoir trouvé le bon compromis. En fonction de l’ancienneté, de la confiance, du profil et des contraintes client, Ineat Canada offre la flexibilité de faire jusqu’à 2 mois de télétravail à l’étranger. Ça me va bien, ça me permet de combiner des projets à long terme à Montréal, tout en faisant de grands voyages plusieurs fois dans l’année. Aussi, pour nombreux de nos collaborateurs qui sont expatriés au Canada, c’est la possibilité de conjuguer travail et retour au pays d’origine.

Pour terminer, je tiens à remercier toute l’équipe d’Ineat Canada pour leur confiance renouvelée, pour la chance d’avoir fait ce voyage, mais aussi nos clients qui se reconnaîtront et qui ont fait en sorte que ça fonctionne en matière de sécurité depuis l’Afrique du Sud.

Merci de votre lecture, et à la prochaine.

Le cap de Bonne-Espérance
Le cap de Bonne-Espérance