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En tant qu’UX Designer, en quoi est-il intéressant de s’inspirer des métiers de l’éducation ? Quel rapport ? me direz-vous. En effet la vocation est totalement différente… Intéressons-nous tout de même aux potentielles similarités : que ce soit dans l’éducation, la formation ou bien l’UX, l’aspect humain est au centre de ces activités. Que la finalité soit liée à l’apprentissage, à la pratique, à la découverte ou à la création, il est question d’encadrer l’activité d’un groupe d’individus, de mener à bien un programme établit pour emmener ce groupe vers plus de connaissances et d’informations.

La pédagogie, la gestion d’un groupe et des individus

Evidemment, le métier d’UX Designer comporte une part « éducative » bien moindre que le métier d’un professeur ou d’un formateur : ce n’est pas le rôle attendu. En revanche, les qualités de ces professionnels peuvent nous intéresser tout particulièrement lors d’ateliers que nous, UX Designers, animons plus ou moins régulièrement selon nos profils. Grossièrement, un atelier UX c’est :

  • En amont, la préparation d’un programme,
  • Pendant, l’animation de ce programme et la facilitation des échanges et du travail des participants,
  • Après, la restitution de l’atelier sous forme de différents livrables.

Finalement, les parties “amont” et “pendant” de l’atelier se rapprochent fortement des métiers de l’éducation.

S’inspirer des qualités du formateur pendant un atelier UX

Intéressons-nous au « pendant », cette partie vouée à l’animation nous fait interagir avec les participants, nous devons les captiver, les challenger, les aider à atteindre le but défini à la fin de l’atelier.

Savoir gérer un groupe d’individus demande des qualités particulières que l’on peut calquer sur les professeurs ou formateurs :

  • Varier et mixer les méthodes de travail avec des activités démonstratives (exposé, diaporama, vidéos…) et / ou des activités applicatives (travail en groupes, jeu de rôle…).
  • Indiquer les temps forts avec une pré-communication sur chaque activité et un temps d’échanges post activité afin de résumer et d’évaluer le travail fourni, éclaircir les éventuels points bloquants.
  • S’inspirer de la méthode SAVI qui valorise le rôle de facilitateur :
    • S pour Sécuriser et rassurer les participants sur toute la durée de l’activité.
    • A pour qu’ils soient Acteurs de leur activité, qu’ils interviennent, réfléchissent et interagissent régulièrement.
    • V pour les Valoriser, les encourager lors de leurs interventions, reformuler leurs affirmations.
    • I pour les Impliquer dans l’atteinte de leurs objectifs à la fin de l’activité.

La qualité de la communication (verbale, non verbale et para-verbale) joue également un rôle capital durant l’animation d’un atelier, elle touche aux aspects du fond du message à faire passer (les mots, le langage), ce qui se voit (la posture, les gestes), et ce qui se trouve autour des mots (ton, intonation, rythme de la voix).

Zoom sur les comportements récurrents repérés en atelier UX

Pour conclure, j’aimerais partager quelques comportements récurrents de participants que j’ai pu repérer lors des ateliers que j’ai animé et pour lesquels les techniques précitées ont pu porter leurs fruits.

La demande d’approbation

Lors d’activités impliquant de la créativité ou de l’inventivité, certains participants peuvent se sentir démunis. Ils essayent de produire mais ne sont pas sûrs d’eux et demandent l’approbation du facilitateur : « c’est bien ça qu’il faut faire ? »,  « tu peux venir vérifier et me dire si je vais dans le bon sens ? » etc… Ils sont donc en demande de sécurisation et de valorisation, afin de pouvoir avancer et mener à bien leur travail.

Tips : Lorsque je parviens à repérer ces profils (feuille blanche, hésitant, jette ses créations assez rapidement), je viens les encourager en leur posant des questions sur ce qu’ils pensent, je les aide à faire leur cheminement de pensée en conversant et en posant des questions. Une fois ce rouage débloqué, je leur demande de poser cette conversation sur le papier par eux même.

Le retrait

Lors des travaux de groupes, certaines personnes sont passives et en retrait. Il convient donc de varier les activités pour qu’elles puissent à leur tour apporter leur pierre à l’édifice. Leur faire présenter le travail de groupe par exemple, favoriser les présentations individuelles, les tours de table lorsque cela est possible etc…

Tips : Pour engager une personne dans un travail, je tente de reprendre des propos intéressants qu’elle a eu à un moment de l’atelier : “Comme l’a dit très justement Michel tout à l’heure…”, cela permet de valoriser sa participation et de l’impliquer auprès du groupe. Si la personne n’a pas du tout participé, dans ce cas je vais lui attitrer un rôle ou une responsabilité à un moment donné : “Michel, je te propose de venir présenter le travail de ton groupe” ou “Michel, que penses-tu de cette idée ? Ton avis m’intéresse”.

Le monologue

Certains participants ont tendance à beaucoup s’exprimer et sans s’en rendre compte, ne laissent pas de place aux autres. Pour canaliser l’énergie de ces personnes on peut également jouer sur la diversification des activités afin d’équilibrer leurs interventions et octroyer plus d’espace aux autres participants.

Tips : Plusieurs stratégies peuvent s’appliquer ici, si un participant prend beaucoup de place, le plus souvent j’octroie des responsabilités à tour de rôle pour que tout le monde puisse s’exprimer. Je change les groupes de travail assez régulièrement afin que les autres participants ne se sentent pas trop écrasés et puissent travailler librement. Si vraiment la personne ne respecte pas ces rôles, je vais calmement la voir à la pause lui indiquant que sa participation est très bonne mais que les autres n’ont pas assez de place pour s’exprimer.

Le scepticisme

Les activités dans les ateliers UX peuvent être perçues comme un peu farfelues pour des participants n’en ayant pas l’habitude. Utiliser des gommettes et des post-its est parfois signe d’infantilisation pour certains, ils ne comprennent pas pourquoi on fait telle activité avec tels outils. D’où l’importance d’échanger avant et après l’activité, expliquer le pourquoi de l’activité, la finalité, le but que cet exercice nous fera atteindre.

Tips : J’ai fait face une fois à un participant très mécontent qu’on lui fasse utiliser des gommettes et des feutres. Il s’est senti piqué dans son égo, comme si nous le prenions pour un enfant qui ne peut s’exprimer autrement que par un “jeu”. J’ai donc pris le temps d’expliquer que c’est une manière de travailler qui est ludique et simple, qu’elle permet de bousculer les formats de réunion classique pour laisser place à la créativité de chacun. Puis je lui ai demandé comment il aimerait travailler si cette méthode ne lui convenait pas, que l’on pourrait s’adapter à lui si nécessaire. Avec un peu de pédagogie et en se montrant ouvert aux propositions, il s’est calmé et a finalement beaucoup aimé l’activité.

Finalement, tout est affaire de communication, de pédagogie et d’échanges, plus les interactions seront riches, plus les participants s’impliqueront que ce soit pour une formation ou un atelier UX.