Sauf à être resté coincé dans une grotte ces dernières semaines (et finalement ce n’était pas une si mauvaise idée), vous savez que le monde connait une période de pandémie. Une des armes de riposte choisie par la majorité des pays est le confinement. Pour tout ceux qui le peuvent, le télétravail est à privilégier. Qui dit télétravail, dit souvent que vos outils principaux sont l’ordinateur portable et le téléphone. Vous n’avez pas besoin d’outils de production autre et vous êtes relativement autonome dans vos tâches quotidiennes.

Cette épidémie est avant tout un drame humain, mais aussi un drame économique et je n’ose pas imaginer l’état de cette économie si nous étions en 2010, voire en 2000. Aujourd’hui, le télétravail est devenu la réponse à pas mal de problématiques : les transports, les sièges sociaux surpeuplés et le besoin de se concentrer aussi parfois à l’écart de l’agitation quotidienne de nos open spaces bondés. A tel point qu’il est entré dans la loi, nous permettant d’y recourir de manière “régulière”.

Une organisation dépend en grande partie de ses outils, et si nous devons nous organiser autrement, il faut donc les choisir avec attention.

Des armes de coopération massive

Confinement rime avec absence de contact humain. Dans de telles circonstances, il semble donc difficilement envisageable de garder nos daily stand up meeting, rétrospectives et autres sprint planning. Et sans ces cérémonials, comment assurer le bon déroulement d’un projet ? Comment garder une dynamique au sein d’une équipe quand il n’est pas possible de se voir ? Le tchat a ses limites !

Mais pas de panique ! Il existe aujourd’hui bien des outils permettant de conserver nos petits rituels agiles et facilitant les interactions au sein d’une équipe de développement.

Chez Ineat, nous utilisons un outil de communication interne qui est Teams, cependant beaucoup de collaborateurs utilisent Slack chez leurs clients et au sein de l’entreprise.

Pourquoi Teams ? Au niveau groupe, nous nous appuyons sur les outils Microsoft depuis nos débuts. Ils nous permettent à la fois de construire des solutions chez nos clients dans le cadre des “modern workplace”, mais aussi d’organiser notre travail interne : portail intranet, gestion des documents, suite bureautique, réseau social d’entreprise…

Dans ce package, nous pouvons compter sur Teams sans surcoût de licence. Un grand avantage ! Nous étions nombreux à être réticents, Slack s’était tellement imposé rapidement, mais finalement le couplage à Sharepoint, la possibilité de créer des live events… en font un excellent outil.

Cependant, si comme moi vous vous êtes habitués aux interjections schizophrènes d’un collègue, aux blagues d’un autre et au fait qu’un troisième parle à son code… vous allez vous sentir seul.

Discord est donc fait pour vous.

Cet outil, bien connu des Gamers, peut servir à autre chose que dialoguer lors d’un raid sur World Of Warcraft. Cependant, sans réelle explication (bande passante, OS…) certaines réunions vocales ne se passent pas aussi bien que prévues, nous repassons alors sur Teams sans problème ou presque.

La preuve en est, le visuel ci-dessous issu du site Les numériques, nous montre le nombre de téléchargements d’applications ces derniers jours.

Au-delà de l’association son/image lors des communications, ils permettent le partage d’écran, fonctionnalité bien pratique pour les codes review par exemple.

Mais une visioconférence ne fait pas tout, et avant d’en arriver à la code review, il y a bien des étapes, avec en tête de liste la planification et la conception technique.

Pour la planification rien de plus simple, Github propose déjà un board permettant de lister et suivre les tâches à réaliser, alors pourquoi s’en priver ?

A défaut Trello pourra très bien faire le job ! Chez Ineat, nous utilisons une partie de la suite Atlassian : Jira et Tempo pour les projets Agile et Confluence pour la documentation.

Mais quid des phases de conceptions techniques ? Une nouvelle fois difficile de partager des idées concernant l’architecture d’une application sans faire de dessin sur un tableau blanc.

Chez Ineat Lille, toutes nos salles de réunions ont des murs recouverts d’une peinture spéciales nous permettants d’écrire et de dessiner. C’est aussi ce que permet de réaliser Limnu, un outil de brainstorming et de dessin collaboratif.

L’outil idéal pour modéliser les briques de nos projets sur un tableau blanc virtuel et partagé ! Microsoft White Board est aussi intégré à Teams, très pratique depuis un iPad ou une tablette surface.

La communication c’est bon, la conception aussi, mais comment faire quand un des développeurs rencontre des difficultés ? Ou quand une équipe a l’habitude de travailler en mob programming ? Comment garder cette méthodologie en télétravail ?

Une fois de plus nous avons la solution à ce problème : Floobits.

L’outil offre des fonctionnalités d’édition collaborative et en temps réel de votre code source. Des plugins pour vos éditeurs préférés sont d’ailleurs disponibles (Intellij, Atom et SublimeText). Les utilisateurs de VSCode trouveront facilement leur bonheur avec le plugin Live Share, qui propose le même type de fonctionnalités que Floobits.

Des outils pour chaque situation

Et ce n’est ici qu’un échantillon de l’arsenal à disposition. Alors n’hésitez pas à tester quelques-unes de ces armes 🙂 Les bénéfices collatéraux sont garantis !

Ici un bon article sur des solutions open-sources.

Des troupes mobilisées avec un moral d’acier

J’ai été surpris de voir un tweet la première semaine de confinement qui disait, de mémoire

“ça fait 5 ans que je télétravaille, j’hallucine du nombre de réunion que font mes amis…”.

Moi, je suis surpris qu’une personne qui pratique un mode de travail depuis 5 ans, ne comprenne pas que les autres ne soient pas organisés de manière optimale la première semaine…

L’activité économique a changé, quotidiennement, pour être transparent, nos clients ont reporté ou annulé des projets. Nous nous sommes adaptés. Le gouvernement a fait des annonces d’un point de vue économique et sociétal chaque jour. Nous nous sommes adaptés.

La discussion à la machine à café était impossible, les débats à n’en plus finir au resto, une chimère. Nous nous sommes donc adaptés : nous avons organisé pas mal de points en audio/vidéo la première semaine.

Comme pour nous rassurer, comme pour tenter de compenser la distance humaine, à coup de call, de tchat et de visio. Certains d’entre nous entendent encore la sonnerie de Teams dans leur tête passé 18h 🙂

La résilience que nous nous efforçons de mettre dans nos solutions, nous nous la sommes appropriée, nous l’avons transcendée : le confinement ne nous empêchera pas de travailler.

Pour deux raisons

  • la première évoquée plus haut : tout est là d’un point de vue logistique pour le faire
  • la deuxième est que nous le devons à ceux qui sont en première ligne (soignants, routiers, logisticiens, ouvriers… tout ceux sans qui l’économie et la vie seraient au point mort).

Et si finalement rien n’avait changé

Pas tout à fait, une dimension a changé : le temps.

La durée de confinement dépasse nos habitudes de télétravail. D’un ou deux jours occasionnels, nous sommes passés à des dizaines de jours. Sans boule de cristal, impossible de dire qui va le supporter et si la qualité de notre travail pourrait en pâtir. Nous mettons tout en oeuvre pour suivre tout le monde et s’assurer qu’avec du travail ou non, chacun se sente bien.

Nous nous étions déjà éloignés avant le confinement : à ouvrir les espaces de travail (open space), nous nous sommes contraints à nous isoler. Si l’informatique moderne avait en partie supporté l’industrie du post-it, elle aura à coup sûr boosté celle des casques audio, puissent-ils être à réduction de bruit. On apprenait par exemple ici qu’au troisième trimestre 2019, le marché avait augmenté de 44% par rapport à la même période en 2018.

Finalement, ce collègue que je ne veux plus entendre, masqué par des playlist Spotify ou Deezer va t-il me manquer ?

Finalement la chaleur des CPU peut-elle remplacer celle du coeur des Hommes ?

C’est une question très subjective et j’ai donc mon avis. Cependant, je vais avoir besoin d’autres questions pour étayer ma réponse.

Est ce que le bruit et les interruptions de mon lieu de travail m’empêchent parfois de travailler ?

Oui.

Quand on connait le nombre de minutes nécessaires à une complète re-concentration, quand on connait la durée maximum pendant laquelle nous sommes “focus”, on est tenté de dire oui. Et en même temps ce bruit me rassure le plus souvent, me rappelle que je ne suis pas seul et que je peux compter sur les autres, que je travaille pour un collectif, pour une entreprise, pour des gens… je le sais ils sont là, à portée d’un geste qui n’est pas “barrière”.

Est ce que travailler avec des outils numériques pour concevoir des solutions numériques m’a numérisé ?

Oh que non !

J’aurai toujours besoin de faire de l’humour, des bons mots et d’user de sarcasme pour faire passer des messages, j’aurai toujours besoin de dessiner (mal) sur un bout de papier ou un mur pour concrétiser des idées, j’aurai toujours besoin de croiser le regard de mes collègues pour y détecter quelques paillettes, une incompréhension, une objection, mais je l’espère le plus souvent une franche adhésion.

Cette période me permet de me rendre compte des avantages et des inconvénients du télétravail : à petite dose il m’aide, au long terme il me fatigue un peu. Encore une fois, c’est subjectif, chacun choisira.

Une chose est sûre, dans ce contexte, si nous sommes capables de conserver une excellente productivité, de communiquer et de faire avancer nos projets, nous allons inexorablement remettre en question les open spaces bondés, les rituels quotidiens, le reporting, le contrôle…

Cette période va nous amener à réfléchir : le travail dématérialisé nécessite t-il une matérialisation de son espace ?