Élodie, PM & Product Designer Ineat Group


Salut Élodie, tu fais partie de notre équipe parisienne, est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs et nous parler un peu de toi ?

Salut Jérémie, moi c’est Élodie Vieillard, je suis une Bourguignonne qui est arrivée à Paris depuis 6 ans, passionnée d’escalade. Escalade qui me manque énormément aujourd’hui, il faut le dire.

Mon parcours professionnel, j’ai fait des études supérieures en alternance, dans le commerce et marketing sur internet. Ensuite je me suis dirigée en agence digitale pour explorer les solutions que l’on peut proposer aux clients. Que ce soit site internet, inbound marketing, contenu. Et aujourd’hui chez Ineat, je collabore avec toutes les équipes : chef de projet, développeur, UI. Grâce à mes expériences passées j’ai un peu une double casquette chez Ineat, dans un rôle de PM (product manageur) et Po (product owner), mais je m’oriente plus dans l’expérience utilisateur, dans un rôle de product designer aujourd’hui.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’orienter dans l’expérience utilisateur justement ?

L’UX m’a toujours intéressé. J’y ai touché en surface dans mes précédents postes. C’est encore aujourd’hui un métier mal connu, la plupart des gens ne savent pas bien définir ce que fait un UX. Pour eux c’est peut-être celui qui fait les wireframes ou le parcours utilisateur. Alors que c’est bien plus riche.

Chez Ineat aujourd’hui j’ai une véritable expérience en UX, j’interviens directement en amont des projets, je fais de la recherche, des ateliers, du design thinking, de la co-construction de solutions avec les utilisateurs. C’est depuis mon arrivée chez Ineat que j’ai totalement basculé dans l’UX.

Et ce qui te plait le plus dans ce métier c’est…

Ce qui me plait le plus dans ce métier c’est que l’on est en constante découverte. Aucun projet ne se ressemble ni aucun utilisateur. Ensuite c’est aussi le contact avec les personnes. Lors des ateliers, des phases de co-construction et lors de la recherche sur le terrain.


“Aucun projet ne se ressemble ni aucun utilisateur”.


Le côté psychologie est aussi intéressant. On intervient avec des groupes variés de personnes. Passés différents, personnalités différentes, différentes connaissances. C’est hyper intéressant.

On se sent utile, car on crée de la valeur ajoutée en créant un produit ou un service qui sera utilisé et adopté.

Finalement, c’est être au contact de personnes au quotidien et de la richesse professionnelle et personnelle que ça t’apporte.

Oui, exactement.

Y’a-t-il une devise qui te tient à coeur, que tu inclus dans tes journées ?

C’est quelque chose que je garde en tête quotidiennement, dès que je suis en contact d’autres personnes. “Traiter les autres comme moi j’ai envie d’être traitée”.

Je ne m’autorise pas à avoir des comportements que je n’aimerais pas que l’on ait avec moi. C’est un mantra que je me répète tous les jours. Je me dis, “OK j’ai envie de faire ça”, mais est-ce que je vais atteindre un peu à la liberté de mon prochain ?


“Traiter les autres comme moi j’ai envie d’être traitée”.


Qui est pour toi une source d’inspiration, un exemple ?

Oui c’est un musicien nommé Jimi Hendrix.

Jimi Hendrix ?

Oui, parce que c’est un gars qui n’est parti de rien, avec une situation familiale assez compliquée. Son rêve était de devenir musicien. Il a commencé à jouer sur une guitare à 5 dollars achetée à un ami de son père. Cela montre bien qu’il n’est parti de pas grand-chose. Il a ensuite consacré tout son temps libre, tout ce qu’il pouvait, à apprendre en autodidacte la musique. C’est un guitariste de légende aujourd’hui. Il a appris, il a créé son style et il a fait des choses énormes. Alors oui, il a eu une fin assez tragique, mais c’est une belle source d’inspiration. Cela prouve que si l’on se donne à 100%, on peut y arriver !

C’est son parcours que tu trouves inspirant donc ?

Oui c’est ça, c’est d’arriver en ne partant de rien à réaliser son rêve, sa passion.

Et ton rêve à toi, quel est-il ?

C‘est de voyager à travers le monde, découvrir plein de pays et de cultures différentes.

Quel est le projet réalisé chez Ineat qui t’a le plus marqué ?

Le projet APRR (Autoroute Paris Reims Rhône). C’était un projet super intéressant. On a facilité plusieurs ateliers de Design Thinking pour eux. Ça concernait des solutions mobiles pour les agents d’autoroutes. Afin de les aider dans la gestion du matériel et des échanges entre agents. On a fait énormément d’ateliers de co-construction avec des groupes d’une dizaine de personnes. Les groupes étaient riches de personnalités différentes, les participants n’avaient pas la même maturité digitale. Du coup, on a dû composer avec ça et c’était un challenge intéressant tant du point de vue de l’outil à créer que de l’humain. C’est ce qui m’a plu dans ce projet-là.

L’aspect challenge et design thinking donc…

C’est ça. Parce qu’en fait, il y avait certains participants réfractaires, ils nous prenaient pour des “guignols”. Pour eux, utiliser des post-its et des gommettes… Eux ce sont des agents de terrain, qui ont des choses palpables dans les mains, en général ils font quelque chose avec leurs mains. Il a fallu casser cette idée qu’ils avaient de notre travail. Les rassurer qu’on ne les prenait pas pour des maternelles avec nos post-its.

Qu’on allait vraiment produire des choses utiles poudreuses. Et qu’on n’était pas là pour leur faire perdre leur temps.

Comment ça s’est passé ?

Très bien. Même les plus réfractaires sont rentrés dans le jeu. On a réussi à créer un super beau projet avec eux. Ils ont tous adhéré au travail qu’on a fait ensemble, à la fin.

J’imagine que cela t’est arrivé de sentir un moment dans un atelier où il y a une tension un blocage. Comment fais-tu pour en sortir ?

Oui ça m’est arrivé, dans ce projet en particulier (rire).

Il faut communiquer. C’est la communication qui désamorce à peu près toutes les situations. Il faut demander à la personne ou au groupe ce qui ne leur convient pas, ce qui les irrite. Entendre ce qu’on nous dit sans le prendre personnellement. Comprendre et ne pas juger ce que vont dire les gens. Essayer de trouver les solutions avec eux. Il faut être factuel et constructif.

Selon ton expérience, comment vois-tu évoluer le métier de l’expérience utilisateur ?

Je le vois évoluer avec les technologies qui vont arriver ou sont déjà là comme la réalité augmentée, l’intelligence artificielle, tout ce qui va être vocal aussi. Petit à petit on va être amené à travailler sur des usages avec ces technologies-là. On sera amené à travailler plus sur le côté émotionnel des gens. Penser des expériences plus complètes au-delà du produit créé, penser la globalité d’une expérience.

La 5G arrive bientôt et ça va changer certains comportements, certains usages à mon avis.

Elle favorise ce qui est objet connecté. On devra s’adapter à tout ça et aux comportements qui vont changer. Comment ? Seul l’avenir nous le dira.

La plupart des designers vivent à un moment dans leur carrière le syndrome de l’imposteur. Est-ce que cela t’est déjà arrivé ?

Oui ça m’est déjà arrivé. Parfois on ne l’a pas forcément en arrivant dans un projet. Et c’est parfois quelqu’un qui amorce ce côté-là. Et cela nous fait douter. Il faut savoir que ce qui est compliqué dans notre métier. C’est qu’on est amené à tester, itérer et tout effacer si ça ne va pas. Expliquer à un client qui paie pour un projet que potentiellement, ce qu’on va faire en premier ne va pas fonctionner. Certains clients ne comprennent pas ce concept et cela peut être problématique.

Et tu arrives à te sortir de ce syndrome ?

Oui, en discutant avec les collègues ça débloque la situation tout simplement.

As-tu une citation favorite ?

Oui il y en a une que j’aime depuis longtemps, longtemps, longtemps. Elle est un petit peu crue, désolée par avance. C’est “si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul”, de Montaigne. J’adore cette citation, je la trouve chouette, elle peut s’appliquer tous les jours sans modération.

“Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son c**” 

Montaigne

Dans ton quotidien, y’a-t-il quelque chose dont tu ne peux te passer ?

La musique, tous les jours. Et l’humour aussi.

Si tu devais conseiller un livre à quelqu’un qui débute ou s’intéresse au métier d’UX ?

Je conseillerai le livre que j’ai gagné aux UX Days l’année dernière. C’est la Bible de l’UX. C’est “Méthode de Design UX : 30 méthodes fondamentales pour concevoir des expériences optimales de Carine Lallemand et Guillaume Gronier.

Pourquoi celui-là en particulier ?

C’est plein de méthodo. Et tu peux le consulter comme un dictionnaire. En fonction du moment où tu es dans ton projet, tu vas piocher ce dont as besoin. C’est hyper bien fait et c’est très concret. Ça couvre un large panel de méthode, c’est hyper intéressant.

Méthodes de design UX – C.Lallemand, G.Gronier – 2ème édition – Librairie Eyrolles
Découvrir les méthodes de conception et d’évaluation de l’expérience utilisateur ? Savoir sélectionner les méthodes les…www.eyrolles.com

Est-ce qu’il y a un atelier ou une méthode que tu adores et pourquoi ?

Ce que j’adore, c’est le moment où on prototype avec les utilisateurs. Je trouve ça super chouette, parce qu’ils sont en général hyper motivés. Ils participent intensément et du coup ça permet une véritable collaboration. C’est dingue de voir qu’au bout d’une après-midi ,on réussit à créer plusieurs écrans. Et qu’ensuite de notre côté on va pouvoir en tirer des wireframe et tester directement ensuite.

Merci beaucoup, Élodie ! Je te remercie pour cet échange ! 

À bientôt sur les projets !