A mi-chemin entre le design et le code, l’intégrateur web est en charge de la mise en place de la structure du site web et de sa conformité avec les maquettes fournies par le designer. Cependant sa mission ne s’arrête pas là : c’est un métier multi-casquette qui demande de maîtriser un grand nombre de standards, de compétences, de méthodes et de bonnes pratiques.
Mais du fait de cette multitudes de fonctions, les compétences de l’intégrateur web peuvent avoir des contours flous. J’aimerais apporter un éclaircissement sur ce métier afin de définir plus précisément ses objectifs, ses limites et son évolution.
La transformation du métier d’intégrateur
Certains considèrent que l’intégration web est un métier facile et répétitif. Et il est vrai qu’il y a plusieurs années, le métier pouvait être rébarbatif en ne faisant que de l’HTML/CSS. De plus, ces derniers étant des langages descriptifs, ils sont relativement simples à appréhender.
Seulement, la complexité du métier se trouve dans le grand nombre de connaissances à avoir et dans son besoin d’adaptation constant aux nouvelles techniques et nouveaux langages.
En effet, le métier d’intégrateur web a beaucoup évolué au cours des dernières années et de simple exécutant, son rôle est devenu majeur dans la création de site web. En plus de l’intégration « classique », l’intégrateur doit :
- Communiquer avec les designers pour être en accord sur les contraintes techniques
- Mettre en place les bonnes pratiques de référencement naturel
- Travailler sur l’optimisation du site pour un chargement rapide
- Améliorer l’accessibilité du site
- Rendre le site compatible sur tous les supports (mise en place du responsive)
- Faire en sorte que le site soit compatible sur tous les navigateurs
- Maitriser le Javascript/jQuery et comprendre le fonctionnement des autres langages de programmation
- Savoir travailler sur des frameworks JS récents (AngularJS, ReactJS)
- Connaitre le fonctionnement des CMS (au moins les plus connus)
- Utiliser des préprocesseurs CSS pour faciliter l’intégration et la maintenabilité du site
- Connaitre les outils d’automatisation pour compiler et minifier le code
- Savoir travailler dans un environnement agile
De plus, avec l’évolution des langages informatiques, l’avènement des smartphones, l’arrêt du Flash et l’apparition de nouveaux navigateurs, le rôle de l’intégrateur est devenu de plus en plus indispensable dans le processus de création d’un projet web.
Intégrateur web ou développeur front-end ?
De ce fait, avec les connaissances nécessaires pour être intégrateur, on pourrait se dire que l’on se rapproche plus du métier de développeur front. Et d’ailleurs, le raccourci entre ces deux métiers est régulièrement fait dans les métiers du web. Pour certains, le développeur front-end n’est qu’un renommage du métier d’intégrateur du fait de sa proximité avec le code et de l’évolution des méthodes de travail. Pour d’autres, ce sont deux métiers bien distincts avec des compétences et des connaissances différentes. Personnellement je fais plutôt parti de la deuxième catégorie.
Selon moi, ces deux métiers restent complémentaires. L’intégration web est un métier multitâche qui se différencie du développement front. Ce dernier se chargera de la mise en place de certaines fonctionnalités, là où l’intégrateur se concentrera sur le design du site et sa cohérence avec les maquettes ainsi que sur toutes les tâches vues précédemment.
Ces deux métiers peuvent se mélanger : il arrive parfois que l’intégrateur développe certaines fonctionnalités, pendant que le développeur front intègre certains éléments du site. Dans certaines entreprises de petites tailles, il arrive même régulièrement que ces métiers n’en forment plus qu’un seul.
C’est pour cela que d’une entreprise à l’autre, le terme d’intégrateur peut être très différent (on retrouve régulièrement des postes de « Webdesigner/Intégrateur » ou « Intégrateur/Développeur PHP » dans certaines structures).
L’avenir de l’intégrateur web
Certains pensent que le métier est voué à disparaître au profit des développeurs front-end (qui font aussi parfois de l’intégration). Seulement, ces mêmes développeurs n’ont pas tous le temps – ni les connaissances approfondies – pour faire de l’intégration et font souvent cela à contre cœur. Et pourtant, il est important de faire un code propre, structuré et réutilisable puisque les projets évoluent dans le temps et qu’ils peuvent être amenés à passer entre plusieurs mains.
Il existe aussi depuis plusieurs années des outils qui permettent de convertir des maquettes directement en HTML/CSS ou des outils qui génèrent des sites web à la volée. Cependant, s’ils peuvent convenir à des personnes peu exigeantes, le code généré est souvent de très mauvaise qualité et les bonnes pratiques ne sont évidemment pas respectées. Il est à noter que beaucoup de bonnes pratiques du web sont mises en applications par l’intégrateur web ! D’après le référentiel Opquast, sur 200 critères de qualités demandés, plus de 50 dépendent directement de l’intégration.
L’automatisation de ce métier n’est donc pas pour demain, d’autant plus que les compétences demandées sont de plus en plus pointues au fil du temps.
Le métier d’intégrateur web devrait donc perdurer mais aussi se complexifier avec le temps (notamment dû à la multiplication des supports et à l’évolution des langages). Mais l’apparition de ces nouveaux challenges rend ce métier encore plus passionnant !